La formation de Yoga apporte beaucoup d’outils qui sont utilisables à la fois pour soi-même et pour les autres.

On devient peu à peu compétent pour pratiquer et pour faire pratiquer en apportant les bienfaits du Yoga de façon technique et objective.

Des notions sont abordées telles que l’intensité, l’union et les moyens de dépasser l’égo. La mise en place de ces moyens reste incertaine et le temps manque.

De la même façon, les textes sont abordés avec une dimension méditative mais il est très difficile d’échapper à la façon intellectuelle de considérer la connaissance. Connaître reste extérieur et se présente comme des informations avec lesquelles on peut être d’accord ou pas, par rapport auxquelles on peut se sentir concerné ou non.

Pourtant la connaissance se passe de notre avis, la seule question posée est « puis-je naître avec » ce qui est dit. Les mots peuvent-ils quitter le monde du discours et du point de vue pour entrer dans celui de la force transformatrice du mantra ?

Les postures et autres moyens du Yoga n’ont pas besoin de notre filtre de technicité et d’objectivité, la seule exigence est : puis-je dépasser la réduction égotique qui fait que tout ce que je fais doit finir par parler de « moi ». « ça me parle ou ça ne me parle pas » est surtout ce qui compte au cours d’une formation. On approfondit ce qui nous parle et le reste est parfois survolé.

La pratique du Yoga peut-elle quitter le monde ou « tout est au service de l’égo, y compris l’union (Yoga) pour entrer dans celui ou tout est au service de l’union, y compris l’égo. La pratique du Yoga peut-elle quitter le monde de l’entretien de la conscience du corps pour entrer dans celui de la conscience totale ?

Le temps de la post-formation va chercher à répondre à ces deux questions. L’une est liée aux énergies disponibles pour une démarche spirituelle et l’autre au niveau de conscience et donc de présence disponible.

Deux stances vont inspirer cette période d’intensification et d’état d’union :

« La perception du sujet et de l’objet est la même chez tous les êtres nantis d’un corps. Mais ce qui caractérise les yogin c’est leur attention ininterrompue à l’union des deux »

Vijnana Bhairava tantra.

Ce rite qui met fin au jeûne – ultime accomplissement – lors de la parfaite connaissance relative aux modalités d’une multitude de douleurs, est comme un jour de pluie où le nectar flue en averses torrentielles de l’immense Béatitude parce que l’esprit, ne tenant nul compte de l’autre, toute crainte évanouie, se reflète perpétuellement dans la louange de l’Omniprésent dont l’excellence consume Kâma, dieu du désir.

Kramastotra d’Abhinavagupta.